samedi 23 mars 2013

[Réflexion] Pourquoi devenir vegan ?



« Mais enfin, tu ne vas tout de même pas pousser le vice jusqu’à devenir vegan ?! Ce serait extrémiste ! »
Voilà ce que j’entends régulièrement, parmi tant d’autres préjugés sur le végétarisme et le veganisme. Si certains peuvent comprendre que je sois devenue végétarienne, beaucoup ont du mal à comprendre ce qui peut pousser à devenir vegan. Petite explication, donc.

Tout d’abord, il faut noter que nombreux sont ceux et celles qui ne connaissent pas la notion de veganisme. En bref, être vegan, c’est refuser de consommer toute exploitation animale que ce soit. Un vegan est donc végétalien, ne porte ni fourrure-laine-cuir, ne se rend pas dans les cirques-zoos-delphinarium, n’achète pas de produits testés sur les animaux, etc. Voilà pour ma petite définition personnelle.

            Il y a 7 ans, j’ai fait un choix important dans ma vie. J’ai regardé la viande dans mon assiette, et je me suis demandée pourquoi je mangeais ça alors que je n’avais ni l’attrait pour la viande, ni le besoin d’en manger pour ma santé. Alors j’ai décidé de bannir la mort de mon assiette et je suis devenue végétarienne. Enfin, j’ai commencé assez lentement car durant un an, j’ai continué à consommer un peu de poulet et de poisson. Je ne voulais pas m’imposer un changement trop brutal ; et je savais qu’un jour, le déclic viendrait. Et ce déclic s’est déclenché quand je faisais mes courses. J’ai vu un homard se débattre pendant qu’on le pesait. La culpabilité m’a envahie car la veille, j’avais mangé du homard. Je suis restée focalisée sur ce homard un bon moment, pleine de honte, et je  me suis promise de ne plus jamais manger d’animaux. Chose faite.
            Devenir végétarienne est l’une des rares choses dont je m’estime pouvoir dire « je suis fière ». J’ai toujours eu une connexion avec les animaux ; ne plus les manger était une étape logique dans ma vie.  Je pensais alors respecter les animaux, les aimer «pour de vrai ». Quand j’entendais parler de végétalisme, je pensais qu’il s’agit d’une philosophie de vie où par principe, on ne consommait aucun produit animal. Je n’y voyais pas une raison valable, je pensais qu’il n’y avait pas de mal à consommer du lait ou des œufs car les animaux ne sont pas tués pour leurs productions. Erreur et naïveté de ma part.


            Il y a un peu moins de 4 ans, je suis allée adopter un petit bonhomme à grandes oreilles, condamné à l’euthanasie pour faire de la place en refuge. Je l’ai baptisé Schwartzy, et il m’a appris beaucoup de choses. Pour gagner sa confiance, j’ai passé des heures allongée par terre à attendre qu’il vienne prendre à manger dans ma main. En cherchant à apprendre comment soigner correctement mon lapin, j’ai rejoint l’association « Marguerite et Cie ».  Ce qui m’a amenée par la suite à devenir bénévole en refuge ainsi qu’à faire un stage avec Anna Evans. 
            Un stage avec Anna Evans, cela vous apprend que les animaux communiquent bien plus de choses que le pense l’humain. L’animal a une âme, des émotions, une sensibilité. Je ne pouvais plus ignorer la nécessité de devenir vegan. Et plus je me suis renseignée sur le veganisme, plus j’ai compris combien j’avais été sotte de croire qu’être végétarien est suffisant. J’ai arrêté de porter du cuir (la laine n’étant pas un problème car je n’aime pas ça, ça me démange), j’ai arrêté d’aller dans les parcs zoologiques, j’ai commencé à participer aux actions de défense des animaux et je me suis employée à réduite fortement ma consommation de produits testés sur les animaux. Le plus dur étant alors de changer mon alimentation. Je n’ai jamais aimé le lait de vache, j’ai toujours été écœurée rien qu’à son odeur.  Par contre je suis une grande gourmande ; j’adore le fromage et des tas de produits laitiers. Devenir végétalienne est beaucoup plus difficile pour moi que de devenir végétarienne. Tant par ma goulaferie que par la réaction des gens qui m’entourent. Pourtant la souffrance des vaches laitières est énorme, tant que celle des poules pondeuses. Nous sommes nombreux à mettre du temps à comprendre une chose pourtant évidente : les vaches laitières souffrent autant que les animaux d’abattoir, et elles vivent leur souffrance sur une plus longue période. La vie d’une vache laitière, c’est d’être inséminée artificiellement pour mettre au monde des veaux qu’elles n’auront pas la joie de pouponner. Leurs veaux leur sont arrachés à peine nés, ils partiront à l’abattoir pendant que le lait qui leur était destiné sera mis en bouteille pour les humains. Et après ? Hé bien, on recommence : on fout la vache en cloque, on lui prend son petit pour le bouffer et on lui extrait son lait pour se faire de l’argent. Et puis un jour la vache crève d’épuisement, on en fait un steak. Au revoir et merci la vache.
            L’humain est le seul animal à boire du lait d’un autre animal. Cela fait sourire des tas de gens quand je dis ça mais : nous sommes faits pour boire le lait de notre mère, point barre ! Il n’est pas naturel pour l’humain de boire du lait d’un autre animal ; et le fait qu’il ait des tas de gens allergique au lactose le prouve.
            Voilà donc pourquoi je m’emploie à consommer des laits végétaux. Car je ne veux plus être complice de la souffrance des vaches laitières, sans oublier les brebis, chèvres et juments. Je ne veux pas continuer à être égoïste, participer à toute cette souffrance uniquement pour repaître ma gourmandise.  Comme je ne veux plus participer à la souffrance des poules pondeuses. Je ne consommerai plus d’œufs jusqu’à ce que j’aie la chance d’avoir un jardin suffisamment grand pour y accueillir des poules que j’aurai sauvées. D’ici là, je refuse de participer au malheur des poules pondeuses. Même de poules élevées en pleine air, car l’industrie des œufs broient vivant les poussins mâles qui ne leur rapportent pas de fric.

            Alors, suis-je devenue extrémiste ?  Non, j’ai simplement ouvert les yeux. Et j’ai décidé que quand je dirais « j’aime les animaux », ce sera dit avec fondement. La viande ne me manque absolument pas, elle me dégoûte. J’y vois sa réalité : un morceau de cadavre et toute la souffrance qu’il y a derrière.  Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire que je suis une parfaite vegan, je me définis comme une végétarienne qui fait beaucoup d’efforts vegan. Je n’achète plus de fromage mais il m’arrive encore d’en consommer à l’extérieur. J’essaie de plus en plus de recettes 100% végétales. Et je dois avouer que je me sens beaucoup mieux quand je mange vegan, dans mon corps et dans mon esprit.

            Chaque jour, je découvre de nouvelles horreurs faites aux hommes et aux animaux. Les delphinariums, les cirques, la corrida, le lancé de caille, le massacre à Taïji, l’expérimentation animale, etc. Hier encore, en regardant l’émission « On n’est pas des pigeons », j’ai chialé de rage. Ils parlaient de la consommation du thon et ont diffusé des images de thons en train de se faire vider de leur sang, découpés vivants. Et les chroniqueurs ont fait quoi après ces images ? Ils ont bouffé du thon. Je ne comprends pas. Est-ce si difficile de comprendre et d’imaginer la souffrance de ces poissons ? Oui ce ne sont « que » des poissons, moins attendrissants qu’un bébé chien, mais pourquoi diable les gens ne voient-ils pas la violence de ces images quand moi j’ai envie de vomir ?

            Alors voilà pourquoi je deviens vegan : parce que je vois ce que beaucoup refusent de voir. Parce que je ne veux pas que d’autres souffrent pour moi. Parce que je ne veux pas que ma vie justifie la mort d’autres. Parce que je ne veux plus consommer du lait d’une maman à laquelle on a arraché son petit pour l’envoyer se faire charcuter. Parce que depuis que je pratique la communication intuitive d’Anna Evans, je n’ai plus aucune excuse. Les animaux s’interrogent sur le fait de finir en pâté, sachez-le.  Parce que j’aime les animaux. Et quand on aime, on ne tue pas, on ne fait pas souffrir. Parce qu’être vegan c’est protéger sa santé. Que l’on arrête de me casser les pieds avec les histoires de carence : j’ai fait une prise de sang le mois dernier, laquelle a indiqué que je n’ai aucune carence.

            Alors qui est extrémiste ? Le vegan ? Ou la personne qui consomme de la souffrance ? Souvent, quand je dis que suis végé, les gens se sentent attaqués. Quand je dis « je ne mange pas de viande », les gens entendent « je vous reproche de manger de la viande ». Je subis régulièrement des moqueries et les préjugés typiques des omnivores. C’est eux qui sont alors extrêmes, pas moi. Je ne gueule pas sur les gens quand il mange de la viande devant moi. Je m’ouvre au dialogue avec ceux qui me respectent et désirent en apprendre sur le sujet, sur les justificatifs qui poussent à devenir vegan. Je respecte l’omnivore qui me respecte, les autres je les emmerde autant qu’il m’emmerde. Je n’ai pas à rougir de m’employer à être vegan, je n’ai pas à avoir honte d’ôter la souffrance d’autres êtres de mon mode de vie.
            Si vous avez envie de discuter dans le respect, je vous accueille avec plaisir. Si cet article vous donne envie de ricaner, passez votre chemin et continuez donc à vivre dans la souffrance et l’ignorance. Nous sommes ce que nous mangeons ; j’ai décidé que je ne voulais plus être un amas de cadavres et de douleurs.

Solaena.

N.B. : pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à lire :

-« Rencontre avec le monde animal » et « L’esprit des vaches » d’Anna Evans.
-« Faut-il manger les animaux » de Jonathan Safran Foer.
-Gary Yourofsky dont plusieurs vidéos sont disponibles sur Youtube et ont invité beaucoup de gens à réfléchir sur le veganisme.